Le degré forcené de l’écriture épurée est sans doute un ancrage pour l’écrivain. Peut-être plus. Sommes-nous composés de composition ? Sommes-nous asservis par la lecture des mots qui essorent notre réalité et la conditionnent de nos conditionnements ? Des fragments épars de mise en mots dans la délectation à la fois esthétique, consensuelle, épouvantée sans doute par nos parchemins existentiels… Quelle couleur et quelle texture pour amplifier ce qui ne saurait être abordé que par la sincérité ? Jean me parle d’oeuvre, Mathilde de capillarité conjoncturelle (c’est une pure scientifique !). Ni l’un ni l’autre ne me convainc de cette nécessité obligée d’une forme d’aboutissement. Je suis sûr que tout est abouti. Pourtant, nous balbutions sans cesse ce précisément abouti en un recommencement de forme et de synthèse. J’envisage l’écriture comme une mélodie inconnue que je surprendrai à l’orée d’un bois. La mélodie de notre âme ? Ecrire comme le sauvetage de soi, dans l’abandon d’une folie que l’on ménage avec compassion…Sans doute.