journal posthume

Sensibilité poétique

Tous les pissenlits se sont transformés en une volée de petites aigrettes. Les fraises fleurissent plus tardivement dans ces régions. Une saison qui prend son envol. Avec Marthe et Claudine, nous devisions sur la terrasse. Je me demandais ce que pouvait bien signifier sensibilité poétique. Elles se sont esclaffées toutes les deux. A ce moment là, j’étais parti. J’ai mis beaucoup de temps à partir. Toute une vie pour ne plus s’accrocher à ce que l’on croit. Je n’ai jamais pu m’attacher à personne, en dehors de cette femme. Une femme éclipse toutes les autres. Pourquoi ? Marthe me dit que j’ai toujours été sensible. Mais, non ! j’ai été un monstre de froideur. Ce n’est pas parce que nous sommes serviables que nous sommes vraiment sensibles. Ses mots sont imprégnés de son long regard. Elle est la sensibilité naturelle. Elle vous retient. Elle vous retient toute une vie. Elle vous fait entrer dans le cœur d’une aigrette.