
Des enfers, les hommes en construisent comme fascinés par l’amoncellement des souffrances. Plutôt que de trouver un moyen d’y échapper, quelle sorte de morbidité les entrainent à vivre la cruauté ? Est-ce une malédiction ? Ressasser nos failles, s’y complaire, n’est-ce pas finir par tomber perpétuellement dans un précipice suicidaire ? Roulis sans fin. C’est ce que je constate. Édouard me dit : Tout est fichu ! C’est peine perdue. Je n’y crois plus. On doit se contenter de vivre au plus près de nos familles, faire le bien autour de soi, comme on peut. A sa façon, Édouard est un saint. Je ne suis pas aussi fort que lui. Je ne suis pas résigné comme lui. J’ai sans doute perdu mes illusions, d’abord celles qui me concernent. Bizarrement, plus on s’éloigne de notre personne, et plus on voit. Voir quoi ? interroge mon ami. Je reste coi… Je ne trouve pas toujours les mots au juste moment. Voir, c’est le feedback, comme ils disent. L’ignorance. Pire que tout, partir sans rien savoir. C’est cela l’enfer. Il règne en France une impossibilité à passer de l’autre côté. Le monde va mal. Nous sommes prisonniers de nos inerties, comme dans les pires cauchemars : incapable de s’extraire de… On a manqué un tournant, me lance Édouard. Tout est entrain de s’écrouler. Et je sais pourquoi !