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Nos vœux pour 2023

Effectivement, nous nous souhaitons le bien, les meilleurs voeux et caetera, et caetera… Seulement, nous sommes en droit d’espérer le bien pour tous. Mais, dites-moi donc ce que cela signifie, puisque le bien pour x n’est pas le même pour y ? C’est à ce moment-là qu’intervient ce qui nous dépasse. Nécessairement, cela nous dépasse. Il y a forcément un point commun et fondateur pour tous. Alors, mon souhait, c’est que chacun parvienne enfin à ce point. Tout le reste vient à disparaître, tôt ou tard.

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L’amitié

Édouard a passé quelques jours à la maison. De grandes veillées autour du poêle. Il fait assez doux au cours de la journée. J’aime notre complicité. Elle ne date pas d’hier. Je crois que je ne pourrai pas me passer de mon ami. Dépendance affective ? Bah ! Je n’y crois pas une seule seconde. Une grande complicité nous lie. D’ailleurs, il m’apprend beaucoup. Chaque fois que je le rencontre, je retiens longtemps ses propos. Ils sont des phares dans ma nuit. Ils me permettent aussi d’avancer. Le tunnel est percé de petits trous et la lumière se diffuse. J’apprends à voir. J’apprends à ne plus me mettre au centre. J’écoute. Pour le lion que je suis, c’est très difficile. J’ai cette fâcheuse manie de prendre la place, partout. Alors, me défaire, peu à peu de cette tendance est salvateur. Le monde fonctionne à l’envers. Aujourd’hui, on gratifie celui qui se met en avant. C’est une mutualisation d’encensement sous couvert de plats intérêts. Édouard me dit : Les êtres ne peuvent supporter longtemps de n’être pas le centre d’attention. Tandis qu’eux ne font jamais vraiment d’effort pour durer plus d’un certain temps à établir une profonde relation, occupés qu’ils sont par leur propre personne, ils échafaudent une multitude de stratégies pour qu’on ne regarde qu’eux. Sur le net, si vous ne likez pas quelqu’un, il a tôt fait de ne plus le faire. Pourquoi ? Parce qu’il ne supporte pas que vous ne lui rendez pas la pareille. Donc, vous n’existez pas pour lui. Mais que vas-tu chercher, me lance Édouard ? Tu penses trouver des gens honnêtes, des gens libérés de leur égo ? Dans le fond, je ne cherche rien. Je vois. Cela me fait plutôt rire. Ces relations ne sont que des malentendus, me déclare mon ami. Déchire la toile de ces réseaux et tu verras que peu ont les « couilles » de ce qu’ils prétendent être. Bon, Édouard est ainsi. Il ne mâche pas ses mots. Combien de fois, je suis passé par le tord-boyaux. Mais déglutir de cette façon, c’est aussi abandonner son égo… C’est aussi libérer de l’espace.

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Sainte Nuit

Longtemps, depuis très longtemps, des bruits de villes, des bruits de champs, des mers intrépides et des vents tourmentants, oui depuis les fonds de la mémoire, quand l’humain se dresse sans orgueil, sans autre décence que celle de la paume éveillée au monde, depuis la nuit des temps, et j’aime les douceurs d’antan, à la veillée d’une simple orange. Le soleil descendait lentement et l’âme veillait en silence. L’hiver sonnait son éclipse et le cœur tremblait d’émerveillement. Nous riions des Pagnol et des Tartarin de Tarascon. Puis, n’en pouvant plus, glissant dans la neige, nous étions des pommes de pins, des chocolats sous les coussins. La nuit est chaque nuit une douceur et le cœur est certes bien simple d’esprit à la lueur de l’aube. Sainte Nuit qui s’éveille de sa torpeur et accueille le meilleur de nous-mêmes. Une étoile descend jusque dans les plus pauvres corps et y dépose son arbre de vie. L’homme.

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Lumière

La discrétion d’une femme a l’élégance qui vient cogner tout contre mon cœur. Cette douceur et sa transparence évoquent le silence qui rejoint une ligne de passage. Le silence d’une femme traverse la lumière, et je frémis de sentir sa force. Car, la femme possède le mystère, tout autant que le mystère la possède. Le parfum qui en émane est celui qui se pose tout contre mon inquiétude et j’aime de la femme, sa pudeur. C’est alors que je ressens sa rectitude. Son être respire tous les lointains, tous les rivages, et de voir en elle, ma complétude, fait de moi, un être qui se cherche. Je ne saurais aimer une femme aux implacables démarches, qu’une violence anime, à l’image des rapaces, et qui détruirait en moi-même, la douceur de mon âme.

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Rêve lucide

Je me suis réveillé brusquement après avoir fait un rêve lucide. Enfin, c’est ce qu’il me semble être. Je ne parviens pas à le qualifier autrement. En ai-je eu des sueurs froides ? Non, pas vraiment. Il s’agit d’une impression très tenace, surréelle qui m’a tenu toute la journée. Ce rêve est survenu sans que je n’eusse pensé à la chose de façon précise. Mais, comment dire ? Je me sens un autre homme depuis mon réveil. La force de la voix, les images, la clarté qui me submergea, comme si mes sens avaient décuplé d’un coup, tout cela me laisse bien perplexe. Une créature qui avait l’apparence d’un homme, mais, et n’allez pas me demander comment je le savais, mais, je savais avec certitude qu’elle n’était pas humaine, me tint par la main et me mena parmi le monde. Son apparence sobre et lumineuse tout à la fois me plongea dans une paix incommensurable. Elle me fit voir toutes les générations des humains, tous les peuples, et ce depuis une multitude de cycles. Je ne saurais rapporter comment je vis toute l’humanité, mais je la vis. Il n’y avait plus de temps, ni de relief. La terre était comme plate et tous les hommes étaient rassemblés. Ils tremblaient de peur. Ils tremblaient de tous leurs membres et pleuraient et gémissaient. La voix me déclara : « Les hommes ont peur de mourir. Ils ont tellement peur de la mort qu’ils tentent avec une hystérie terrible d’exister et de se maintenir en vie. » Chose étrange, c’est qu’il me semblait être épargné par l’épouvante. Je n’éprouvais nullement cette sourde peur. Alors, la créature se tourna vers moi et ajouta : « Tu n’éprouves pas la peur de la mort parce que tu te trouves en ma compagnie ». C’est alors que je fus envahi d’une chaleur et l’amour entra dans mon cœur. « Les hommes ont peur et font tout pour nier la conscience ». Je savais qu’on était venu me chercher et je savais que je rêvais, au milieu du rêve. Pourtant, il ne s’agissait pas véritablement d’un rêve. Mon ami Édouard me dit que l’on appelle cela une vision. Je reste sur cette impression. M’a-t-on soulevé un pan du voile ?