journal posthume

Homme et femme

La poésie d’une femme, aux courbes délicates, ma transparence, mon transpire, mes émois, les paroles de son corps, les résonnances de sa fleur. De cet émoi qu’un homme cherche, à l’évocation de son accord, sa puissante création. J’inscris mes murmures dans la soie de sa chair et je respire l’origine sacrée. Féminin sacrée ! J’ai tenu la paume de ses courbes et retrouvé la très lointaine épousée. Quelle caricature, de nos jours, des ébats sexuels, alors que l’homme et la femme, sont de nature à s’épancher à la source de leur fécond échange, leur retrouvaille corps, esprit et âme. Mon regard tressaute, Ô femme, à ton parfum, l’effluve de l’essence, le sentier de notre rencontre. Homme et femme ! C’est ainsi que tout le souffle de mon attachement s’apaise. C’est en lui que ma vie a son sens. Homme et femme ! Grâce et senteur virginale de nos mots nuptiaux, à la différence de notre vibration mutuelle. Homme et femme ! Beauté des complétudes, primordialité de notre corps. Homme et femme !

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Fiat Lux

L’homme cherche le meilleur de lui-même, sans savoir pourquoi, mais il glisse dans l’impénétrable vallée boueuse à l’extrême. Il tend une main affable sans savoir ce qui l’anime et d’un accueil lumineux, s’efforce de ne pas paraître disgracieux. Il est des infidèles qui éprouvent l’indifférence face au tournoiement du feu commémoratif dans le bleuté du ciel. L’homme cherche en elle, comme une compagne graciée du ciel, au charme juvénile d’une Vénus. La liberté est crue, sans fausses lumières, et du Fiat Lux, l’on est saisi par cette suprématie. Nulle apogée si ce n’est par cette fraîche rosée lustrant notre sommeil. Pourquoi recherchons-nous ce tout commencement ? Ce sentiment d’avoir été heurté par une voix qui nous répète que cela a un sens ? Je l’ai rencontrée…

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Liberté

Le monde du paraître est un monde dont on guérit difficilement. Dans le fond, il s’agit d’une grande maladie actuelle et même, d’une maladie irrépressible. Si je ne parais pas, je n’existe pas. Exister à travers le regard de l’autre est une façon inavouée de se donner la bonne image de soi. Le problème, dans ce jeu carnavalesque, c’est que l’on finit par porter des masques à l’infini. Le monde va tellement mal qu’il ne sait plus qu’il va mal. Allez dire à quelqu’un qu’il n’est pas lui-même, il vous regardera comme son pire ennemi. A force de vivre seul, je me demande si les arbres me voient ? Suis-je même dans l’attente de leur regard ? Bon ! la nature très riche et très rude vous dépouille de vous-même. Je peux vous le garantir. C’est une abondance sans artifice. J’ai les mains écorchées par les branches, par mes manœuvres maladroites, et ces mains sont définitivement rugueuses : un enseignant à la retraite, qui devient le plus analphabète des bûcherons improvisés. Ah ! mais j’apprends. Pour me débarrasser des immondices de la ville, me voici à plonger le nez dans certains autres excréments.

humour mordant

A bas !

Soleil vert (Soylent Green) est un film américain d’anticipation, réalisé par Richard Fleischer, sorti en 1973.

Combinaison de mots, ajouts de multiples recettes frivoles, la poésie est à l’image des hommes. Des conglomérats d’illusoires postures. Sans doute l’imposture que nous sommes ? A bas ces poèmes de salon ! A bas, cette idolâtrie de mots sans sens ! A quoi cela sert d’aligner des borborygmes indigestes, quand la plèbe nombreuse hurle dans les stades, nos contemporains forums ! La majorité des gens se fiche bien de vous lire et de vous entendre. Ils sont totalement, égoïstement vôtre. L’amicalité civilisationnelle est une orgie démentielle. Coller votre oreille au temps ! Coller vos rites à la macabre danse des fous ! Vous deviendrez sans substance et l’on vous mangera tout cru. Les vampires rôdent, et ne se contentent plus de votre sang ! Ils aspirent vos âmes et en font des parodies de soleil, vert, à ce que dit la légende…

journal posthume

Solitude hivernale

L’odeur violente du sapin, le soleil écarte les voiles. Voici ce qui m’advint comme pensée presque primitive. Le matin dévoile, une fois de plus, ses secrets, silencieusement. Perdu dans les montagnes, des morceaux de givre, des bruits sourds de la glace m’accompagnent. Craquèlements furtifs et neige qui nous manque, déjà, comme nous manquent les jours où la blancheur crue de sa lumière nous surprend, malgré nous, presque effaré par leur beauté. Tout à l’heure, je regardais les visages de certaines personnes, marquées par les tristesses ravageuses, celles qui font de nous des êtres fragiles. Beaucoup de cette sorte d’effarouchement, les silhouettes fracassées par le temps qui court. Je ne sais plus, cela vient…