journal posthume

Coup de sang !

Pourquoi pleurons-nous un monde qui n’a plus rien d’attrayant ? Sommes-nous de fieffés égoïstes ? Alors que certains enfants, spoliés de leur subsistance, mangent des galettes d’argile ? Avons-nous le droit de nous révolter pour ceci ou pour cela ? L’homme blanc devrait se taire. Nous avons été des gens violents, usurpateurs, voleurs. Notre mémoire est loin d’être réjouissante. Mais, nous continuons à faire les enfants gâtés. Parfois, j’en ai un tel dégoût que je me dis : Trop, c’est trop ! Ça suffit ! Que tout explose, une fois pour toute ! Ce sont les mieux lotis qui sont toujours à se plaindre. Ne parlons même pas des enfantillages stéréotypés de la poésie à deux sous ! Ouais ! Très rares sont ceux qui sortent de leur nombril et poussent un peu plus loin la réalité de notre monde. Pourquoi ai-je déserté certains blogs ? Ça pue le faux et j’en passe avec ces coins à la Prévert et Saint-Germain-des-Prés. Les néo-bobos faussement poètes et bohèmes. Ça sent la vitrine de surface. Toujours les mêmes « bleu » et les mêmes oisillons. Cui cui ! Pourquoi pas la poule et le cocoq ? A en pleurer d’ennui ! Je sais sentir le « faux » à des miles. N’allez plus sur leur blog et ils vous rayent de leur liste. Du pur égocentrisme à la noix ! Alors, quand je vois ces écrivains du dimanche qui s’auto-éditent en pensant qu’ils sont passés à la postérité, je ne peux m’empêcher de rire. Bon ! C’est mon coup de sang ! Entre les bobos écolos et les autres ! Ah ! C’est pitoyable. Ils se vantent alors qu’ils sont les enfants de la sale mémoire, et j’en fais partie ! Ouais ! Seulement, je ne vais pas m’illusionner. Je pense que la vraie poésie, la vraie littérature doivent s’extirper des sentiers artificiels et trouver autre chose ! Ouais ! Il faudrait trouver un réel rebondissement. Tout le reste, c’est du bof !

journal posthume

Le temps

L’on aimerait que tout soit lisse, bien propre et que les charmants soient des princes. La vie passe et un cortège funéraire vous salue. Les nues de votre cœur, ma belle, les nues de vos aspirations et puis, l’homme jette un journal dans une poubelle ; l’autre baisse son chapeau sur le front. Même en perdant tout, l’on aime encore. Un talon au tournant d’une rue et la vie vous semble le terrible mystère qui fuit. Chaque passant est une histoire, parfois sordide, parfois étrange. Je ne peux m’empêcher de voler la vie des gens. Chaque fois qu’ils passent, j’en prends un peu sous mon bras. J’entends le cliquetis des clés, puis, plus loin, je surprends un garnement qui chaparde une pomme. L’autre est assis sur les marches d’un escalier et joue avec des soldats en plomb. Qui es-tu qui rêves aux étoiles, ma douce ? Ton cœur est lourd mais ton âme légère. L’horloge marque un pli sur les rides du temps et j’aimerais soudain saisir un voile et te parler tout haut. Non ! La mort est semblable à la vie : une abnégation. Ce sont les épaules voûtées qui goûtent, oui, qui goûtent les petites perles du temps. Alors, cesse, toi, homme d’aboyer car tu es un cancre qui n’a pas su vivre. Ces crachins au visage, quel manque de sagesse ! Le temps ensevelit la lie, l’amertume sur les commissures de tes lèvres. Alors lisse ton cœur raidi par les humeurs criminelles.

humour mordant

Homo blablatus

C’est dit et fait : je ne crois plus en l’homme ! Bon ! je n’y ai jamais vraiment cru. Trop pas assez cuit. Non ! Non ! Je ne crois pas du tout en l’homme. On nous a bassiné depuis l’enfance : Ne croyez en rien, ni Dieu, ni père, ni mère. Oh ! Les sauvageons ! Anarchistes amers. Les pâquerettes, les petits oiseaux et la cour des pégueux. Ce monde périt d’incroyance ! La petite monnaie qui sonne creux et les croisières du dimanche. Ne pas y croire ! Ne pas croire c’est ne pas être. Cela tourne en rond. Les folies bergères, et les amuse-gueules. Hé ! Fred ! Ne charrie pas ou tu finiras dans l’caniveau. Non ! Non ! Je vous le dis sans détours : je ne crois pas à la poésie, ni aux petits mots, ni aux déguisements, ni aux mielleux propos, ni à la poudre de perlimpinpin. Quelle belle mascarade cet homme ! Et bla bla bla ! Et bla bla bla ! A se taper le cul par terre ! Si vous y croyez encore, je n’y crois pas non plus.

journal posthume

Myosotis

Sa beauté m’atteignit jusqu’à ne plus savoir, ni même y renoncer. Elle faisait ressurgir l’enfant, la douceur et ma violence. Je m’y noie encore, ivre d’avoir à peine saisi son parfum, sa volupté. Je ne suis pas de ce monde, me répétait-elle. Et je me retournai avec la surprise de m’y reconnaître. J’étais la brume, elle était mes mots. J’ai su que l’on pouvait mourir d’aimer. Mais, même si la poitrine se contracte, si le ventre se tord, je chéris ces instants où elle me visite par mon corps, par mes souvenirs. J’étais son roc, j’étais sa cime, ou tout du moins lui faisais-je ainsi savoir. Après son départ, je courais dans la ville pour la retrouver. Pauvre de moi ! Toutes les femmes devenaient « elle » et je la soupçonnais de m’observer aussi. Combien de fois ai-je sursauté en croyant l’apercevoir ? Une femme vous hante et le monde n’a plus aucun goût. Je me vautre dans mes songes. Je me laisse aller. Ces jours passent et je m’éveille comme un fou. Je n’ose plus rien dire à personne, pas même à mon grand ami Édouard. Bon ! j’ai regardé dans le bleu d’un myosotis et celui-ci m’a donné quelques nouvelles de ma belle.

journal posthume

L’art des mots (1)

Le vieux loup de mer que je suis est un véritable monstre des eaux, un rustre qui n’aime pas les manifestations sentimentales. Avec l’âge, je ne supporte presque plus les éloges, ni les mielleux propos. Par contre, je ne peux m’empêcher de m’enthousiasmer, non pas devant les pratiques de l’écriture, ni des compositions factices, mais devant le vrai, l’audace de vie. Je ne rejette pas la personne, quelle qu’elle soit, mais, je ne peux m’accorder à ces rivages égotiques. L’art n’est pas un fleuve abondant de mots juxtaposés, de borborygmes ajustés selon les humeurs du paraître. J’ai besoin de sentir le bon et la brute des mots… Certainement pas le truand. Très peu de gens peuvent nous atteindre, nous heurter, car les mots recèlent le soufre de la vie, les feux de la passion, l’antre des flammes. Ecrire, c’est entrer dans la pierre, se forger dans le fer, se pulvériser dans la matière. Faire éclater les mots, c’est avoir soi-même vécu les lianes sanglantes des lettres, la forme échancrée de leur courbure. La personne est ce jaillissement tectonique des vibrations d’un volcan, la pulsion d’une salamandre au milieu des flammes.