journal posthume

Myosotis

Sa beauté m’atteignit jusqu’à ne plus savoir, ni même y renoncer. Elle faisait ressurgir l’enfant, la douceur et ma violence. Je m’y noie encore, ivre d’avoir à peine saisi son parfum, sa volupté. Je ne suis pas de ce monde, me répétait-elle. Et je me retournai avec la surprise de m’y reconnaître. J’étais la brume, elle était mes mots. J’ai su que l’on pouvait mourir d’aimer. Mais, même si la poitrine se contracte, si le ventre se tord, je chéris ces instants où elle me visite par mon corps, par mes souvenirs. J’étais son roc, j’étais sa cime, ou tout du moins lui faisais-je ainsi savoir. Après son départ, je courais dans la ville pour la retrouver. Pauvre de moi ! Toutes les femmes devenaient « elle » et je la soupçonnais de m’observer aussi. Combien de fois ai-je sursauté en croyant l’apercevoir ? Une femme vous hante et le monde n’a plus aucun goût. Je me vautre dans mes songes. Je me laisse aller. Ces jours passent et je m’éveille comme un fou. Je n’ose plus rien dire à personne, pas même à mon grand ami Édouard. Bon ! j’ai regardé dans le bleu d’un myosotis et celui-ci m’a donné quelques nouvelles de ma belle.

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