Là, j'ai l'âme suzeraine, Tant pis pour le reste, La nuit éclot.
Catégorie : Crépuscule
Longtemps
L'homme, ce déchirement, Entre deux livres, Nos humeurs inventives, La forêt nocturne, Les feuilles de lune. -Je crois que pour aimer, il faut longtemps écouter.
Hé ! Toi !
Hé ! Toi ! Qu'aurais-tu fait ? A la place de Cid, Si quoi que tu décides C'est toi qui es défait. Vengerais-tu ton père ? Blessé par cette offense, Sauvant les apparences, Submergé de colère. Appellerais-tu à médiation ? Calmant tous les esprits, Donnant aux deux parties, Un temps de réflexion. Enlèverais-tu la belle ? Evitant toute embrouille, Qu'après ils se débrouillent Pour vider leur querelle !
Fleurettes
Quand saisi par tes fleurettes, Au léger goût de particules, Sevré de tes blanches braisées, Carillonnent les cloches au loin. Vois-tu la main que j'ai tendue ? La voile déchirée par un marin, Des amants qui fuient la canicule, J'en fais surgir nos doux baisers, Et dans l'écume de notre ronde lune, Cette course n'est plus poussière. C'est alors, que débordent des vagues de lumière, Et dans l'ombre de nos mots, je te dis : secret mystère.
Sélène
Ta parure intemporelle, Amarré vers le bajoyer, Découverte d'une rivière, Luisante de toute beauté.
Ison
Du fond de ton errance, A l'ellipse lointaine, Courte fraction du temps éternel, Ta chevelure aérienne, Ton pas menu, tes infranchissables distances, Voici un jour, voici une semaine, Auprès de moi, ainsi que je t'aime, Je me fais fidèle à servir ton heure, Par ces secondes de bonheur, Course vénérable, Ô ma vagabonde ! Messagère de mon cœur ! Sublime court arrêt, je suis ton amant, Enfièvre de joie et du peu de mon moment, Dis-lui, Ô Muse ! que c'est l'aveu de mon poème.
Beta Cygni
L'élégance d'une pluie d'étoiles, Dans la nuit noire, là-haut, Spectacle d'un espace serti de matière, Le couple singulier d'Albiréo, Diadème d'un Cygne bleuté de lumière, Rêvant d'une croix stellaire, Des soleils révolus par nos yeux, Le saisissement du temps des cieux. Ces deux cœurs se lamentant, Des chauds jours les séparant, Tremblant quelque part dans l'univers, D'un rouge abondant et d'un bleu soyeux.
Fugue
Il me plait de rêver l'aurore, Fusain de toute musique, Déplorant la minute stratégique, Quand vibre seul le décor, Voici que la symphonie, S'assemble comme enchantée, L'apothéose d'une note, Dois-je feindre un ré, Sur la touche noire de mon clavier ? Dois-je lever la main vers le do ? La promesse de ces doigts sacrés, De cette harmonie d'un concerto, Que sais-je de notre ode mouvementée ?
Lune
Je te salue, Ô lune ! Par tes monts et tes cratères, Tes océans et Tes dunes, Alors que la nuit admire, Ces déserts que font mes vers, Aspirants à y voir luire, Quelques gouttes de ton sourire.
Le rêve
Au jour où tout sombre à l'horizon, Vermeil, comme un jeune faon, Près d'un chêne, aux aguets, Quand l'oiseau boit un peu de rosée, Juvéniles pensées célébrant la laitance, -Pour avoir parcouru quelque distance, Voici la mésange donnant la béquée, Et un lapin comme stupéfait. -D'un jour commun, mais aussi d'une œuvre, Tenant bien son solide bâton, Chantant l'Ave Maria comme une épreuve, Sonnera-t-il ce lointain carillon ? La rivière avec ses méandres clairsemés Se trouble de son passage idyllique, Car, en tirant son harmonica encore muet, Il voit frémir toute une faune aquatique. Les truites disparurent et plonge la grenouille, Les clapotis se troublent et l'onde grouille ; Quelques rochers ont des soupirs de vierges, Tandis que le soleil effleure à peine les berges. On entendait le silence haletant, Le rossignol se cachait comme un vieil amant, Des grillons, nulle stridulation lancinantes, Du rêve, qui s'échappe soudain de la branche ?