Le verbe aimer

Muse inspiratrice

L'homme fait ce rêve,
Sans tomber dans les traverses,
Boire à la femme, 
Muse insaisissable,
Lui vouer un culte,
Mais un parfum est-il fugace ?
Sans la poétesse,
Ma prêtresse,
Je suis un puits périssable,
Asséché et mon être s'y noie,
Dans l'indéfinissable,
Les devins, ma détresse,
Ont lu ce matin mes étoiles,
Et le ciel s'assombrit,
Cette femme a chassé mes oublis.
Où que tu sois,
Muse de mon âme éprise,
Inspire-moi, la cruelle,
Epouse mes affres.
Viens te jeter sur mes flancs,
Ne m'épargne aucun tourment !
C'est là que je trouve l'inspiration.

Le verbe aimer

L’aimer

L’aimer comme un homme peut aimer, comme un homme peut se perdre. L’aimer comme on aime la femme, le cœur mutilé, puis le cœur serré jusque dans ses bras. L’aimer, jusqu’à la vénérer, la poser sur un arbre, délesté des rougeurs sculpturales. L’aimer à se perdre dans les aimer, aimer, aimer ! Le buisson tremblant à la lumière de son aura. L’aimer jusque la chanter, lui dire ce que l’on ne dira jamais. L’aimer jusque dans les frémissements des vagues au large. L’aimer jusqu’à ce que le blanc des sables s’éteigne à la pâleur de nos draps. L’aimer puis l’aimer, perdre le ciel, la terre, le froissement du vent, les premières neiges, les pas que l’on n’ose pas. L’aimer sans faillir l’aimer, sans oublier de l’aimer, la saisir par les mots et le regard. L’aimer jusqu’au cœur, et se cacher pour la voir. L’aimer apprenant à l’aimer. L’aimer dans sa voix profonde et le mystère de sa lumière. Lui murmurer : Ne bouge pas ! Surtout ne bouge pas !

Le verbe aimer

Elle et les mots

L’homme aime et la femme sème. L’homme rêve et la femme s’introduit dans le rêve. Les longueurs d’une plage, le cantique des arbres, les anges qui se modèlent. L’homme aspire et la femme respire. La douceur inégalée des mots, la féminité glisse sur notre aspérité. Je t’écoute. Les mots ont cette puissance que tu révèles. Comme je te rêve ! Elle et les mots.

Le verbe aimer

Sépulture

Invraisemblance jubilatoire,
Partout d'une vague scène,
Au son des pseudo-oratoires, 
Quelle est encore cette querelle ?

Toi, femme dont l'aurore peine,
Le mot d'un répertoire halluciné,
Le vent ici fait sa scandaleuse tournée,
Puis, la mort avait chosé sereine,

Les climats d'une plainte et d'une destinée,
Pareils à un bol de lait de ferme,
Sans que je ne puisse plus m'exprimer,
Ah ! Pitié femme éventrée pleine de haine.

Des bleuâtres lèvres calcinées, 
Je vis ton âme s'écorcher de brûlures,
Ton cadavre gît comme la feu dulcinée,
Ah ! Pitié, achève donc ta lente sépulture !
Le verbe aimer

L’absence

On ne guérit jamais d'un amour,
Si tu me le dis,
S'agit-il d'un parjure ?
Quand s'entremêlent les jours,
L'on succombe, c'est sûr.
A te le dire, je jure
Que mon sang bouillonne sans mesure.
Qu'il faille que mes yeux te suivent,
Que mon cœur s'enhardisse,
Que mes mains longent tes cieux,
Que nos rives s'unissent,
Pour que l'absence s'émeuve.
Le verbe aimer

Elle

Avait-elle le charme d’autrefois ? Que pouvait bien signifier cette expression ? L’homme aime faire silence devant la femme de son rêve. La regarder et voir dans l’éclat de ses yeux un indicible ailleurs.

Nous marchions souvent ensemble, sous les arcades de Rivoli. Elle portait des gants en mousseline, serrait l’ombrelle que je lui avais offert. Je la menais là où mes rêves voulaient devenir des souvenirs, et lui parlais de mes projets tandis qu’elle faisait un léger balancement de la tête. Aimer, elle, cette femme, jusqu’à ses premières rides que je n’ai jamais vues. Aimer son ventre qui n’a jamais porter mes enfants. Aimer son sommeil que je n’ai jamais partagé.