journal posthume

L’âme obscure

Il y a fort longtemps, je tins entre les mains, un livre bien complexe. L’ayant trouvé dans un vieux rayonnage, je me surpris à le saisir presque fébrilement. Il s’intitulait L’âme obscure. Je le parcourais de bout en bout avec beaucoup d’attention. Dans le fatras juvénile, je me posais certaines questions élémentaires. Le titre de l’ouvrage était obscur. Mystérieux, j’en conviens. Dans ma soif de connaître l’âme, je me dis, pourquoi ne pas commencer par cet étrange bouquin ? L’impression finale de ma lecture correspondait, un tant soit peu, au titre de l’ouvrage : obscurité ! Il pesait une atmosphère glauque. Le destin d’un homme perdu, apathique, sans vie. L’auteur, Daniel-Rops, avait su pointer la face obscure d’une lune. Lune sans soleil ; un cœur à la dérive. L’âme n’est pas lumineuse dans sa nature d’âme. Elle est semblable à une lune. Conjointement liée à la lumière rayonnante d’un astre fabuleux. Or, n’est-il pas des âmes obscures, ténèbres d’une avarie peu commune ? Plus tard, je lisais la Nausée de Sartre. La nausée putride d’un homme sans vie. Telle fut ma conclusion implacable. Nous prenons souvent comme exemple, des hommes sans lune ni soleil. Triste constat d’un monde devenu grabataire.