
Le monde du paraître est un monde dont on guérit difficilement. Dans le fond, il s’agit d’une grande maladie actuelle et même, d’une maladie irrépressible. Si je ne parais pas, je n’existe pas. Exister à travers le regard de l’autre est une façon inavouée de se donner la bonne image de soi. Le problème, dans ce jeu carnavalesque, c’est que l’on finit par porter des masques à l’infini. Le monde va tellement mal qu’il ne sait plus qu’il va mal. Allez dire à quelqu’un qu’il n’est pas lui-même, il vous regardera comme son pire ennemi. A force de vivre seul, je me demande si les arbres me voient ? Suis-je même dans l’attente de leur regard ? Bon ! la nature très riche et très rude vous dépouille de vous-même. Je peux vous le garantir. C’est une abondance sans artifice. J’ai les mains écorchées par les branches, par mes manœuvres maladroites, et ces mains sont définitivement rugueuses : un enseignant à la retraite, qui devient le plus analphabète des bûcherons improvisés. Ah ! mais j’apprends. Pour me débarrasser des immondices de la ville, me voici à plonger le nez dans certains autres excréments.