journal posthume

La voix du silence

De l’incohérence au démembrement : La poésie fusionne avec le corps. Comment voulez-vous la découvrir dans le débordement plat, sans ligne de conduite ? Je lis, ça et là, de la fabrication poétique, trouve de la faconde artistique, mais point d’âme. Il ne suffit pas de dire « silence » pour être saisi par celui-ci. Tout comme il ne suffit pas de dire « âme » pour être entré dans le mystère et avoir été submergé par lui. La magie ne tient pas dans les mots mais dans les cœurs en soubresaut. Le mot est effusion d’un monde qui touche au Divin. La lumière anime ces sculptures étreintes par l’âme. Le mystère n’est pas inaccessible, il est juste infini, illimité. Il est des êtres qui sont passés de l’autre côté et je l’ai vue assaillie par la lame de fond, par la brisure. Ses yeux avaient plongé et avaient vu. Elle en rapportait parfois des nouvelles, mais, jamais elle n’en revenait véritablement. C’est cela l’œuvre d’art : n’en jamais revenir. ne jamais plus écouter des chansons de basses gammes, ni d’être attiré par ce qui est superficiel, ne plus se perdre dans les bruits sans fond. Il faut longtemps avant d’épouser la voix du silence. C’est ce qu’Édouard me répétait quand il me trouvait ravagé par son absence. Je ne comprenais absolument rien à tout cela. Absolument rien ! Pourtant, petit à petit, les morceaux ont choisi de se placer, un à un, à leur juste place. Ce n’est pas ce que l’on croit. N’allez pas imaginer une seule seconde que cela correspond avec ce que vous connaissez.

journal posthume

Visite d’Edouard

Jeter à la terre son appareillage : il vint brusque sans s’attarder. Je lui offris à boire, à la terrasse, et la neige semblait être aux aguets. Silence de dimanche. Un oiseau passe. La neige frémit. Edouard boit sa tasse et me salue. A bientôt Basile. La nuit a été longue, solitude du loup. Celui-ci, je le connais bien. La lune monte dans le ciel nuit bleue. Le froid engourdit mon esprit. Je coupe le bois pour faire des petites buchettes. Mes doigts écorchés. Je rentre dans la cabane. La caverne d’un vieux loup.