Il est des âmes délicates et sensibles. leur visage en est la parfaite illustration. Tout comme leur manière de manger, de s’asseoir, de parler, de regarder. Il faut prendre le temps de voir, d’apercevoir cette fragilité. Avez-vous observer qu’aucun être n’est vraiment le même ? Et pourtant, la forme absolue détermine notre être. Je suis touché par ces singularités, que l’on peut retrouver aussi chez l’animal. Chaque créature est un langage. Par cela s’établit le rapport. Mais, aussi, autre chose intervient. Par exemple, l’odeur, l’aura, les vibrations. Il faut beaucoup de temps pour « capter » cela. Il faut encore plus de temps pour pénétrer les parts intimes de l’autre, celles que l’on couvre avec beaucoup de mansuétude. Faut-il avoir pris le temps, aussi, d’observer nos propres mécanismes, nos propres orientations, nos propres réactions et tout ce qui parle en nous-mêmes. Très peu de gens parviennent à s’introspecter, et s’ils le font, ne sont que dans la projection permanente de leur monde, une sorte de boucle incessante, dans laquelle ils s’enferment sans même le savoir. Or, depuis que je me penche sur la question, je remarque que nous ne savons pas nous écouter, ni nous voir, ni saisir ce qui est entre-les-deux. C’est-à-dire, ce qui n’appartient ni à ceci ni à cela, mais ce qui s’ouvre dans l’instant. Je suis touché par les âmes délicates qui expriment, même à leur insu, leur détresse. Je pense que nous savons très peu prendre du recul. Plus que tout, nous ne savons pas nous défaire du monde que nous nous fabriquons sans cesse. Le mythe de la Caverne de Platon est édifiant. Le mythe de la tour de Babel aussi. Les projections mentales sont le poison le plus mortel qui soit. Nous considérons que les ombres projetées sur les parois de la Caverne sont la réalité. Pourtant, ces ombres nous détruisent. Elles nous font manquer la véritable dimension existentielle. Plus nous avons peur et plus nous nous fabriquons ces ombres que nous chérissons avec, d’ailleurs, un acharnement époustouflant. Tant que nous n’aurons pas compris que nous sommes tous une part de l’illimité, nous dresserons des barrières meurtrières entre nous. Nous croupirons dans nos jalousies, nos mesquineries, nos mensonges, nos dénis, notre incapacité de considérer l’autre comme un autre soi-même. Et nous continuerons de fabriquer les chaines de notre enfermement.
Étiquette : société
Coup de sang !

Pourquoi pleurons-nous un monde qui n’a plus rien d’attrayant ? Sommes-nous de fieffés égoïstes ? Alors que certains enfants, spoliés de leur subsistance, mangent des galettes d’argile ? Avons-nous le droit de nous révolter pour ceci ou pour cela ? L’homme blanc devrait se taire. Nous avons été des gens violents, usurpateurs, voleurs. Notre mémoire est loin d’être réjouissante. Mais, nous continuons à faire les enfants gâtés. Parfois, j’en ai un tel dégoût que je me dis : Trop, c’est trop ! Ça suffit ! Que tout explose, une fois pour toute ! Ce sont les mieux lotis qui sont toujours à se plaindre. Ne parlons même pas des enfantillages stéréotypés de la poésie à deux sous ! Ouais ! Très rares sont ceux qui sortent de leur nombril et poussent un peu plus loin la réalité de notre monde. Pourquoi ai-je déserté certains blogs ? Ça pue le faux et j’en passe avec ces coins à la Prévert et Saint-Germain-des-Prés. Les néo-bobos faussement poètes et bohèmes. Ça sent la vitrine de surface. Toujours les mêmes « bleu » et les mêmes oisillons. Cui cui ! Pourquoi pas la poule et le cocoq ? A en pleurer d’ennui ! Je sais sentir le « faux » à des miles. N’allez plus sur leur blog et ils vous rayent de leur liste. Du pur égocentrisme à la noix ! Alors, quand je vois ces écrivains du dimanche qui s’auto-éditent en pensant qu’ils sont passés à la postérité, je ne peux m’empêcher de rire. Bon ! C’est mon coup de sang ! Entre les bobos écolos et les autres ! Ah ! C’est pitoyable. Ils se vantent alors qu’ils sont les enfants de la sale mémoire, et j’en fais partie ! Ouais ! Seulement, je ne vais pas m’illusionner. Je pense que la vraie poésie, la vraie littérature doivent s’extirper des sentiers artificiels et trouver autre chose ! Ouais ! Il faudrait trouver un réel rebondissement. Tout le reste, c’est du bof !
Homo blablatus

C’est dit et fait : je ne crois plus en l’homme ! Bon ! je n’y ai jamais vraiment cru. Trop pas assez cuit. Non ! Non ! Je ne crois pas du tout en l’homme. On nous a bassiné depuis l’enfance : Ne croyez en rien, ni Dieu, ni père, ni mère. Oh ! Les sauvageons ! Anarchistes amers. Les pâquerettes, les petits oiseaux et la cour des pégueux. Ce monde périt d’incroyance ! La petite monnaie qui sonne creux et les croisières du dimanche. Ne pas y croire ! Ne pas croire c’est ne pas être. Cela tourne en rond. Les folies bergères, et les amuse-gueules. Hé ! Fred ! Ne charrie pas ou tu finiras dans l’caniveau. Non ! Non ! Je vous le dis sans détours : je ne crois pas à la poésie, ni aux petits mots, ni aux déguisements, ni aux mielleux propos, ni à la poudre de perlimpinpin. Quelle belle mascarade cet homme ! Et bla bla bla ! Et bla bla bla ! A se taper le cul par terre ! Si vous y croyez encore, je n’y crois pas non plus.
Liberté

Le monde du paraître est un monde dont on guérit difficilement. Dans le fond, il s’agit d’une grande maladie actuelle et même, d’une maladie irrépressible. Si je ne parais pas, je n’existe pas. Exister à travers le regard de l’autre est une façon inavouée de se donner la bonne image de soi. Le problème, dans ce jeu carnavalesque, c’est que l’on finit par porter des masques à l’infini. Le monde va tellement mal qu’il ne sait plus qu’il va mal. Allez dire à quelqu’un qu’il n’est pas lui-même, il vous regardera comme son pire ennemi. A force de vivre seul, je me demande si les arbres me voient ? Suis-je même dans l’attente de leur regard ? Bon ! la nature très riche et très rude vous dépouille de vous-même. Je peux vous le garantir. C’est une abondance sans artifice. J’ai les mains écorchées par les branches, par mes manœuvres maladroites, et ces mains sont définitivement rugueuses : un enseignant à la retraite, qui devient le plus analphabète des bûcherons improvisés. Ah ! mais j’apprends. Pour me débarrasser des immondices de la ville, me voici à plonger le nez dans certains autres excréments.
A bas !

Combinaison de mots, ajouts de multiples recettes frivoles, la poésie est à l’image des hommes. Des conglomérats d’illusoires postures. Sans doute l’imposture que nous sommes ? A bas ces poèmes de salon ! A bas, cette idolâtrie de mots sans sens ! A quoi cela sert d’aligner des borborygmes indigestes, quand la plèbe nombreuse hurle dans les stades, nos contemporains forums ! La majorité des gens se fiche bien de vous lire et de vous entendre. Ils sont totalement, égoïstement vôtre. L’amicalité civilisationnelle est une orgie démentielle. Coller votre oreille au temps ! Coller vos rites à la macabre danse des fous ! Vous deviendrez sans substance et l’on vous mangera tout cru. Les vampires rôdent, et ne se contentent plus de votre sang ! Ils aspirent vos âmes et en font des parodies de soleil, vert, à ce que dit la légende…
Corps
Un homme oublie volontiers son corps. Il oublie les circuits intérieurs, les tubes digestifs, les alvéoles, les cellules et le sang qui coule, comme par miracle, dans les veines. La peau s’allège en vieillissant, et au naturel, le visage d’une femme, nimbé de vie, nous raconte les pays traversés, les émouvantes larmes, le chemin dépoussiéré, au creux des roches. Un homme oublie volontiers la complexité de sa machine organique, fasciné par les technologies qui ne sont que de pâles copies. Abrupt, le corps nous parle et il est tantôt montagnes, tantôt surfaces lisses, prairies nacrées, ruissellement de temps et éternité mouvante. En cet instant, je me souviens. Présent d’un langage basique, mais d’une haute voltige. Je palpe les rides d’une mère, les prémices d’une peau de velours, le rire de pêche d’un nouveau né, et la soie ivre des jours alanguis de femme suave. L’homme oublie volontiers la source originelle de telles émanations de vie. Une main, éclairée de jour, la présence de jade et le toucher translucide.
La faute
La faute à l’autre. Ce terrible couperet récurrent que j’entends ici ou là. La neige l’emporte sur le soleil et le froid hiverne sous le manteau de la passion. La faute aux autres quand ce n’est jamais la faute à soi. Tout va mal en ce monde, mais tout va bien chez soi. La faute aux autres qui sont toujours les mauvais, et la faute à tout le monde, et puis surement pas la nôtre. Le Christ descend pour racheter nos fautes, mais nos fautes perdurent comme une épouvantable méprise. Cela me met hors de moi d’entendre pareilles fariboles. L’on s’endort sur des tas de malentendus et l’on joue les braves mélancoliques au lavoir des si et des la.
Le poisson sort de son bocal

le fait d’être autre que ce nous croyons être est en soi une belle perspective et elle mérite d’être prise en compte, puisque nous sommes des êtres périssables et nous sommes passés par tous les stades émotionnels, celui de nos idées et de nos actes. Ne pas savoir ce que nous sommes revient, dans le fond à se contenter du bocal que nous pensons être un océan. Bien sûr, le cancre dira : tant pis. Je ne comprends rien et je n’ai pas envie de comprendre. Tant mieux ou tant pis pour lui ! Mais que fait un poisson qui se réveille et se souvient d’une vaste étendue d’eau ? D’ailleurs, pourquoi se souvient-il ? Ces poissons m’intriguent. Ils me fascinent même.
L’amitié

Édouard a passé quelques jours à la maison. De grandes veillées autour du poêle. Il fait assez doux au cours de la journée. J’aime notre complicité. Elle ne date pas d’hier. Je crois que je ne pourrai pas me passer de mon ami. Dépendance affective ? Bah ! Je n’y crois pas une seule seconde. Une grande complicité nous lie. D’ailleurs, il m’apprend beaucoup. Chaque fois que je le rencontre, je retiens longtemps ses propos. Ils sont des phares dans ma nuit. Ils me permettent aussi d’avancer. Le tunnel est percé de petits trous et la lumière se diffuse. J’apprends à voir. J’apprends à ne plus me mettre au centre. J’écoute. Pour le lion que je suis, c’est très difficile. J’ai cette fâcheuse manie de prendre la place, partout. Alors, me défaire, peu à peu de cette tendance est salvateur. Le monde fonctionne à l’envers. Aujourd’hui, on gratifie celui qui se met en avant. C’est une mutualisation d’encensement sous couvert de plats intérêts. Édouard me dit : Les êtres ne peuvent supporter longtemps de n’être pas le centre d’attention. Tandis qu’eux ne font jamais vraiment d’effort pour durer plus d’un certain temps à établir une profonde relation, occupés qu’ils sont par leur propre personne, ils échafaudent une multitude de stratégies pour qu’on ne regarde qu’eux. Sur le net, si vous ne likez pas quelqu’un, il a tôt fait de ne plus le faire. Pourquoi ? Parce qu’il ne supporte pas que vous ne lui rendez pas la pareille. Donc, vous n’existez pas pour lui. Mais que vas-tu chercher, me lance Édouard ? Tu penses trouver des gens honnêtes, des gens libérés de leur égo ? Dans le fond, je ne cherche rien. Je vois. Cela me fait plutôt rire. Ces relations ne sont que des malentendus, me déclare mon ami. Déchire la toile de ces réseaux et tu verras que peu ont les « couilles » de ce qu’ils prétendent être. Bon, Édouard est ainsi. Il ne mâche pas ses mots. Combien de fois, je suis passé par le tord-boyaux. Mais déglutir de cette façon, c’est aussi abandonner son égo… C’est aussi libérer de l’espace.
Visite de Paul
Mon ami Paul vient de me déverser un de ses drôles de romans tragiques. Encore une histoire de femme vénale ! Elle s’était rapprochée, pour profiter de lui, pour se mettre en avant, pour briller des faux diamants qu’elle croyait pouvoir obtenir, une fausseté pitoyable. Elle avait profité de la différence d’âge, de son petit déhanché sournois. Elle avait agité les mains et les pieds. Le pauvre Paul avait succombé à ses œillades. Je n’ai aucune excuse, m’avoua-t-il. Quand la vie nous plonge dans le plus grand désarroi, on a de soi quelques lambeaux à ramasser, mais en vérité, il s’agit d’une véritable faille, la faille par laquelle je l’ai laissée m’avoir. Je savais que quelque chose n’allait pas. Mais, à ma façon, ça me plaisait d’être aimé. Pauvre type ! Je lui fis quelque tapes dans le dos. Il y en a plus que nous l’imaginons de ces femmes. D’ailleurs, la plupart des gens sont faux et ne s’approchent de vous que pour un intérêt personnel. Mais Paul ne m’écoutait pas. J’ai perdu la femme de ma vie, et lui, il a perdu ce qu’il ne possédait même pas. Un mirage de plus ! J’ai de la chance d’avoir de fidèles amis. Des amis depuis l’enfance, et des rencontres solides faites en cours de vie. C’est vrai, je pense toujours à elle. Elle me hante. Elle me tient tout entier. Nos années, nos années, je les retiens avec toute la rage d’un homme qui n’en a pas d’autres.