A la terrasse, Fraîcheur d'une limonade, Je bois ton regard.
Lézard
Le joli mai, Sur le mur, Ondule le lézard.
Libellule
Un pli sur l'eau, Ton soleil rayonne, Libellule.
Désillusion
Il me semble qu’un homme s’appauvrit en avançant dans l’âge et c’est ainsi qu’il n’est plus livré à l’autorité despotique qui est celle de sa propre illusion. L’alcool du rêve, (mais de quel rêve parlons-nous ?) est la manifestation d’une dérive, d’un puissant narcotique que l’on appelle égocentrisme. Pourquoi parler de rêve, d’ailleurs ? Que représente-t-il si ce n’est un imbroglio statué de légitimité égoïste ? Non ! Je ne peux me le permettre. J’aspire, oui, j’aspire avec la part humaine et celle aussi qui se réalise dans ce l’on appelle le dépassement, j’aspire à atteindre ce qui anime tout mon être. Mais il ne s’agit pas de rêve. Nous avons manqué plusieurs rendez-vous, durant notre existence, mais nous reconnaissons que le dernier rendez-vous, celui avec notre maturation, avec notre synthétisation lucide et extatique ne sera pas perdu, ni vain. Je ne me « fais » pas à partir de mes certitudes, mais plutôt à partir de mes déconstructions. Maintenant ! ici ! Et avec l’élan crucial, chirurgical. Je ne vais pas me rater. Non ! Je le revendique avec une certaine hargne, mais, je serai telle cette force qui m’empoigne. Lorsque l’on a perdu quelqu’un de cher, c’est une part de nous que nous perdons. En elle, il s’inscrit un message intense : or, je ne perdrai pas le message… Ah Non ! Ne confondons pas rêve et aspiration ou état. Le rêve est psychique et mental. L’aspiration relève du réel. Je reste profondément attaché à la réalité platonicienne. Je suis un travailleur, un homme qui aime observer. Je fais acte de fusion avec la vie. C’est elle qui m’apprend et qui me jette la réalité vivante avec la pointe aigue d’une flèche. J’écoute ce qui m’aide à aller au-delà et non pas ce qui m’endort. Étonnamment, cette intelligence est une destructrice. Mais elle ouvre la blessure et miracle : l’on voit fuser la lumière. Il faut être prêt pour percevoir cela. Je ne suis pas un ouistiti qui s’agite. Je ne suis pas un fabriquant de perlimpinpins. Je ne suis pas dans un copier-coller baveux. Eh ! Bon sang ! La vie est belle ! La vie est difficile ! Elle creuse. Elle s’appelle Dieu, Principe, Lumière, Grâce, Vivant. Waouh ! Elle vous heurte et vous dit de ces choses. Ah ! Celle-ci ne nous manque pas !!!
Combustion
A la chaleur du cœur, Combustion de l'ignorance, Le rêve s'émiette.
Entropie
Du rêve au rêve, D'illusion en illusion, Un arc sourcille, Vaincu ou entropie ?
Beauté
La beauté des mots, le geste est évident. Aller au plus loin que ce présent, entrer en communion. J’ai rencontré l’infini dans l’être et je le serre tout contre moi. J’ai vu l’esprit du geste. Il m’atteint et je m’arrête. Je t’ai rencontrée.
Poème du cœur
L’étudiant éternel, voilà celui que je suis. Je ne sache pas être autrement. Voilà pourquoi je suis souvent absent ici. Il m’arrive de rester durant des jours dans mon atelier. Je restaure quelques vieux outils. Comme de coutume, Édouard passe me voir et nous conversons assez longuement. Je suis aussi en train de réviser mes cours d’astrologie et d’astronomie. Il s’agit d’éléments de connaissances qui nous aident à charpenter notre relation avec l’autre. Je ne suis certainement pas un bon élève, mais j’aime apprendre. Apprendre, c’est surtout désapprendre. Sans cela, je crois que nous sommes tous bons pour la camisole. Et, l’on peut dire que le monde en est à ce stade. Ce qui m’insupporte c’est le suivisme des uns et des autres, comme si nous étions incapables d’être originaux, singuliers et tutti quanti. La laboriosité des poètes, des écrivains me sidère. Je crois que nous patinons sur de la semoule. Le monde est ingénieux mais guère créatif. Quand j’écris, je me sens à la limite de l’écartèlement. Je transpire les mots. Ils me broient, me martèlent, m’usent jusqu’à l’os. Cette fraîcheur est le fruit du labeur. Il est des êtres qui écrivent comme des fous et entrent dans l’onde mirifique de leur âme. Poètes scolaires et poètes de l’heure. Leurre ou l’heure ? C’est comme la musique : il y a des musiciens scolaires et qui savent bien faire et ceux qui vous lancent la flèche inépuisable jusqu’au cœur. Vous êtes bouleversés pour de longs moments. Si la poésie ne parle pas à mes tripes, si elle ne relance pas le véritable sort de l’Albatros, si elle ne vient pas vous heurter dans votre confort, si elle ne vous arrête pas, que dire ? La poésie n’est pas un ornement de gosses de riches, sans étincelle. La poésie. C’est l’essence de notre vie, l’épée de notre incarcération. Fine et tranchante, lumineuse et aimante. Vraie !
Sérénade
Sérénade de pluie, L'étrange et suspendu écho, Comme une aile et l'eau.
Perséphone
Spongieux instant solaire, Brume de soleil à midi, Perséphone s'alanguit.